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La douleur, c’est comme une situation de crise

Dans cette situation de confinement, nouvelle pour la plupart des français, des solutions alternatives voient le jour. Notre réunion familiale par web conférence aujourd’hui m’a donné l’idée de cette nouvelle. Et puis je me suis aussi rappelé d’une vidéo marquante sur un exemple de réaction face à une autre situation de crise telle que la guerre.

Et parfois, face à la douleur, on se retrouve face à une situation similaire, une situation jamais vécue, et face à laquelle on n’a pas de réponse toute prête déjà testée.

Il y a plusieurs façons de réagir, et chacun fait ce qu’il peut. Nos expériences passées, notre environnement, notre capacité d’imagination, tout cela sont des facteurs qui influenceront les solutions et les réactions que nous aurons face à la situation.

Une imagination extrême face à une situation extrême

Les modes par défaut face à une situation menaçante

Face à une situation que nous estimons (souvent inconsciemment) dépasser nos capacités d’adaptation, nous vivrons un épisode de stress. Le stress déclenche 3 modes de réactions automatiques : la lutte, la fuite ou l’immobilisme (qu’on appelle l’inhibition).

La lutte serait par exemple de mettre son énergie à trouver un coupable, à se plaindre que l’autre ne trouve pas de solution, voire à se culpabiliser soi-même de ne pas y arriver.

On pourrait réagir ainsi :

C’est injuste que ça m’arrive à moi !

Je ne comprends pas que les médecins ne trouvent rien !

Il faudrait que j’apprenne à me relaxer !

La fuite déclenche souvent un retard de soins. On a parfois préféré ne pas voir les prémices, on s’est concentré sur autre chose. Mais c’est aussi une stratégie qui nous pousse à continuer à faire malgré tout.

Par exemple, il se peut qu’on ait laissé traîner après avoir ressenti de la fatigue, des douleurs diffuses, des tensions, avant de consulter.

La fuite ça pourrait aussi être le fait de se couper de ses ressentis : « j’ai mal mais je fais avec, je continue malgré tout », comme si on essayait systématiquement de se couper de toute sensation désagréable. Le risque est souvent de finalement se couper de toute sensation, y compris agréable et de ne plus savoir comment choisir ce qui nous convient.

L’immobilisme serait d’être tellement accaparé par la menace que l’on n’ose plus rien faire. Figé, on attend que ça passe tout seul. Cette passivité implique souvent qu'on laisse les autres ou les événements choisir pour nous.

Création de solutions nouvelles

Il ne s’agit pas forcément de solutions nouvelles pour l’humanité mais surtout pour nous. On peut ainsi par imitation copier les réactions de quelqu’un qui nous inspire, parce que ça a marché dans son cas. Sinon on pourrait suivre les conseils de quelqu’un en qui on a confiance.

D’autres pistes pour trouver des solutions nouvelles seraient de stimuler notre créativité, de décortiquer la problématique ou alors d’essayer de "changer de lunettes".

Comment booster votre créativité ?

Souvent dans la douleur persistante, on perd des capacités d’imagination, on perd l’habitude d’imaginer des possibles. C’est comme d’être chauve et de ne plus avoir de possibilités variées pour se coiffer.

On peut chercher à créer des variations dans notre vie pour progressivement être plus à même d’imaginer des solutions nouvelles. Cela peut se faire grâce à l’imagination, l’intuition, le ressenti.

Imaginer petit à petit de la variation (un nouveau chemin, une nouvelle place à table) nous permet de progressivement retrouver notre capacité à concevoir de nouveaux possibles.

Ecouter nos envies, mêmes impossibles dans la situation actuelle, pourrait aussi nous guider.

Si je n’avais pas aussi mal, j’aimerais tellement danser.

Comment, alors, pourriez-vous trouver une façon de vous rapprocher de ce rêve : écouter les musiques qui vous plaisent, osciller sur votre siège, visualiser que vous dansez ?

Enfin, réapprendre à écouter ses ressentis est aussi pertinent. Parfois la douleur peut prendre toute la place, accaparer notre esprit à tel point qu’on ne pense plus à rien d’autre. Et pourtant peut-être que nous aurions besoin d’aller aux toilettes avant d’avoir fini de faire ci ou ça, peut-être devrions-nous nous hydrater un peu avant ce soir… Vous avez sûrement d’autres exemples qui vous viennent ! L’écoute de nos besoins corporels est une phase qui peut déboucher sur « je choisis ce qui est bon pour moi » de façon plus large.

Identifier la source intérieure du problème

Face à une crise qui est hors de notre contrôle, nous ne pouvons travailler que sur ce qu'elle déclenche en nous. Ainsi, identifier l’émotion que cette situation suscite est une autre façon d’aborder la problématique. La douleur pourrait nous placer par exemple dans une émotion de colère, de tristesse ou de peur, comme la peur des monstres sous le lit. Une fois l’émotion identifiée, ce sont des solutions pour apaiser cette émotion que nous avons à chercher.

Changer de point de vue, comme une nouvelle paire de lunettes

Une dernière façon de trouver des solutions nouvelles est de changer notre vision sur la problématique. Considérer que ma douleur est présente parce qu’il y a quelque chose qui n’est pas cicatrisé ou pas en place n’est peut-être pas la seule façon de considérer la douleur.

Changer de conception sur la douleur prend parfois du temps et peut être déstabilisant. Cela nous fait sortir de notre zone de confort.

La crise comme source de renouveau

Imaginer une alternative n’est pas facile. Pour certains, la situation psychologique empêche toute modification.

Souvent, ça n’est que lorsqu’on est confronté à l’obstacle, qu’on vit le traumatisme, le deuil, que l’on peut entamer un processus de développement et de raisonnement différents.

Par ailleurs, une fois une ou des solutions envisagées, il n'est pas toujours simple de se mettre en action. C'est comme de se lancer à écrire un livre !

Mais le fait de rebondir donne du sens à la crise. Notre proactivité nous redonne un pouvoir de choix et intègre cette situation de crise dans notre parcours de vie en l’auréolant de teintes positives. C'est tout ce que je vous souhaite 🙏

Je peux vivre toute ma vie en victime, mettre mes malheurs sur le dos des autres et en concevoir de l’amertume. Ou alors je peux choisir d’être acteur de mon destin et faire mon possible pour apporter des changements positifs dans ma vie.

Tal Ben Shahar

Les articles et nouvelles d'ABC Douleur

A travers ces articles, métaphores, histoires vécues (romancées et adaptées parfois) et réflexions partagées, mon objectif est de vous aider.

De vous aider, vous, particuliers vivant la douleur ou accompagnants d’un proche douloureux. De vous aider à peut-être comprendre la douleur différemment, à avoir des pistes pour la décrire, et peut-être des pistes pour l’aborder.

De vous aider, vous aussi, professionnels de santé et thérapeutes. De vous aider à conceptualiser la douleur parfois différemment de vos acquis, à mieux comprendre le vécu des patients et peut-être à adapter votre positionnement.

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Une réponse à “La douleur, c’est comme une situation de crise”

  1. Certains points de cet article vous parlent ou vous touchent ?

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