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La douleur, c’est comme vouloir écrire un livre

Peut-être certains d’entre vous se sont déjà fixé un objectif ambitieux tel que celui d’écrire ✒️ un livre. Vous êtes une de ces milliers de personnes qui rêvent d’écrire un livre ! Peut-être rien qu’à imaginer le livre édité, exposé dans les rayons des librairies 📚, votre corps tout entier frissonne de plaisir.

Mais le retour au quotidien est moins frissonnant. Vous vous énervez 😡 parce que vous n’allez pas assez vite vers cette visualisation de rêve. Vous vous heurtez à votre page blanche alors que c’était si agréable d’imaginer le livre fini. Vous savez exactement à quoi il va ressembler mais impossible tout d’un coup d’exprimer cette vision profonde, de la mettre en mots…

Le problème c’est la mise en action.

La douleur, c'est parfois comme vouloir écrire un livre. On voudrait que cette douleur ne soit plus là d’un coup, mais prendre les bonnes décisions et se mettre petit à petit en action pour y arriver est souvent difficile !

Les étapes d’une réalisation

 

Avant d’arriver à une réalisation dans la réalité, il y a deux étapes.

Une première étape est celle de la visualisation, la création mentale. On s’imagine dans la situation où la réalisation est terminée. Ou alors on peut juste imaginer la réalisation faite, par exemple pour un objet.

La deuxième étape comprend les différentes phases de la concrétisation. Ces étapes sont organisées en ordre logique pour atteindre notre objectif.

En effet, rien ne sert de contacter des éditeurs potentiels si l’on n’a pas l’idée d’un sujet de livre ! De façon similaire, à quoi bon se décourager en se fixant l’objectif ambitieux de 30 minutes quotidiennes d’un exercice alors qu’on a déjà du mal à s’y mettre plus d’une fois par semaine !

écrire un livre - analogie face à la douleur - ABC Douleur

Photo credit: Dom J on Pexels

Les obstacles rencontrés et des pistes de solution

 

Voici quelques obstacles classiques à une concrétisation, qu’elle soit liée à l’écriture d’un livre ou aux actions pour prendre soin de soi face à la douleur. De les connaitre permet d’identifier des solutions pour les surmonter !

L’envie d’aller plus vite que la réalité, que la création mentale apparaisse comme par magie

Peut-être avez-vous l’impression que les choses ne se réalisent pas assez vite ? Comme cette ampoule qui devrait déjà être changée, cette maîtrise du ski que vous imaginiez pourtant bien plus facile, ou encore cet apprentissage de l’italien qui nécessite plus que les 5 minutes sporadiques sur votre appli.

Qu’il s’agisse d’une action concrète ou d’une acquisition de compétences ou connaissances, il faut du temps. Eh oui, même pour changer une ampoule ! Parce qu’il faut en effet :

  • connaitre le culot et la puissance de l’ampoule,
  • vérifier que vous avez sa copine en état de marche ou alors vous en procurer une,
  • trouver l’escabeau qui a été descendu (il me semble, mmmh 🤔) à la cave l’hiver dernier,
  • et avoir des petits créneaux pour accomplir chacune de ces tâches une par une au fil des jours.

En bref : ça prend du temps !

La planification des étapes, s’atteler aux choses dans l’ordre

Pas besoin de contacter les éditeurs si aucune ligne n’a été écrite.

En cas de douleur, parfois on voudra refaire toutes les activités antérieures sans se laisser le temps d’une récupération optimale. « J’allais mieux alors j’ai fait tout le repassage que j’avais en retard. Mais maintenant je ne peux plus bouger tellement j’ai mal ! »

Il est parfois difficile quand on n’a pas déjà expérimenté ces étapes de les imaginer. Échanger avec quelqu’un qui connait la problématique peut fortement nous aider à établir la liste des tâches et étapes à effectuer, et dans quel ordre.

Et le plus important est que, même si on peut imaginer les dernières étapes, même s'il est parfois utile de connaître la fin de l'histoire, il faudra quand même toujours en passer par les premiers pas.

En bref : il faut commencer par le début et, pas à pas, avancer !

Prendre le temps de mettre en place les bonnes routines

Parfois notre enthousiasme des débuts nous amène à tout donner pour aller plus vite. Mais souvent on s’attaque, pour un livre ou face à la douleur, à des projets de moyen et long terme. Il est important dans ces cas de savoir doser et entretenir son énergie.

Ainsi, l’important sera dès le début de mettre en place des rituels. Par exemple, le fait de prendre tous les jours 1h30 au réveil pour écrire, ou alors de se fixer l’objectif d’un nombre de pages quotidien. Le fait de devoir rendre des comptes à quelqu’un sur son avancée pourrait être aussi une routine.

Ces habitudes d’hygiène de vie, que nous avons décidé de suivre systématiquement, sont justement celles qui nous permettront d’avancer malgré les moments de doute ou de lassitude.

En bref : tout commence par des habitudes ancrées pour tenir la distance !

L’importance du pourquoi

Ce que je trouve personnellement le plus important c’est la raison pour laquelle on veut se lancer dans ce projet. Comment veut-on se sentir une fois le but atteint ? Qu’attend-on d’un tel projet ?

C’est ce "pourquoi", qui nous motive profondément, qui fera que l’on tiendra la barre malgré les moments de doute.

Par ailleurs, quand on part avec cette raison en tête, on est capable d’instiller tout au long du chemin des éléments qui nous feront déjà nous sentir partiellement arrivés. Par exemple, si le fait de publier son livre est un moyen d’exprimer sa créativité ou de transmettre aux autres, on peut déjà le faire à plus petite dose. On peut écrire à des amis, créer son journal hebdomadaire ou lancer un blog…

En bref : le "pourquoi" est notre boussole tout du long !

Arrêter de cogiter et se mettre en mouvement

Une fois la décision mûrie de se mettre en action, il n'y a plus à tergiverser : il faut se lancer !

On peut perdre beaucoup de temps à vouloir peaufiner notre plan de rédaction, à affiner le descriptif des personnages et des lieux, à collecter des coupures de presse qui vont nous inspirer dans l'écriture, à réfléchir à la manière de formuler une phrase ou un chapitre. Le problème c'est qu'on n'a toujours rien produit. C'est parfois la peur de sortir de notre zone de confort qui nous enlise.

De commencer à écrire permet à la fois :

  • d'avoir un support motivant pour la suite (je suis fier-fière d'avoir déjà produit cela),
  • d'avoir une base pour commencer à affiner son style en apportant des corrections et adaptations,
  • et de s’entraîner à devenir meilleur, gagner en expérience, en vitesse et endurance.

En bref : c'est en forgeant qu'on devient forgeron ! Et non pas en en parlant ou en y réfléchissant...

Prendre soin de soi pour améliorer sa vie face à la douleur

Pour revenir sur la douleur, voici quelques pistes pour se lancer.

 

Que fera-t-on si on a moins mal ?

Avant tout, définir le "pourquoi" ! Pas besoin d’imaginer que la douleur disparaisse complètement. En effet cet objectif met la barre très (trop ?) haut dès le départ. Cette disparition totale est peut-être illusoire ou risque de prendre du temps. Dans les deux cas, notre enthousiasme sur le long terme va en prendre un coup !

Imaginons déjà que la douleur prend moins de place, qu’elle soit légèrement moins intense, ou moins fréquente. Je pourrai recommencer à profiter de la nature, bouger, voir du monde…

Comment pourrais-je déjà dès maintenant mettre un peu plus de ça dans ma vie ? Peut-être en observant les oiseaux de ma cuisine avant de passer 3h en forêt, en faisant le tour de mon jardin avant de retourner faire de la rando, en appelant une amie avant de retourner au restau avec dix personnes.

Ce "pourquoi" reste aussi notre boussole qui justifiera notre implication dans des actions parfois éloignées du but final. Il est important de s'en rappeler pour renforcer par exemple notre motivation à faire de l’exercice, ou à suivre les consignes de notre médecin !

 

Quelles sont mes priorités ?

Parfois nous voulons expressément atteindre un objectif, mais l'attribution de nos ressources ne reflète pas cette priorité. Par exemple, nous pourrions vouloir être en meilleure santé, mais...

  • déclarer ne pas avoir le temps d'acheter des produits frais ni celui de cuisiner,
  • considérer que notre contexte nous force à être à fond dans notre boulot et nos obligations, et ne pas trouver de moments pour faire de l'exercice physique,
  • préférer remettre au lendemain le fait de se coucher tôt parce que, quand même, cette série TV est trop prenante...

De mon expérience personnelle et professionnelle, dans la douleur, on est l'unique personne à vivre la situation. Et il sera rare de trouver quelqu'un pour écrire le livre à notre place.

 

Quel est mon plan d’action ?

J'ai besoin d'établir ce que je vais faire, à quel moment et comment, ce qui nécessite parfois de s'entourer des bonnes personnes.

Ainsi mon entourage, mais aussi des thérapeutes, ou d'autres ressources, agiront comme des soutiens, des coachs ou des guides. Ils m'aideront à tenir la distance. Parfois l'un d'eux me permettra d'y voir plus clair sur un plan d'action plus adapté. Et le fait d'avoir à leur rendre des comptes m'aidera à mettre en place des habitudes d'hygiène de vie, de sommeil, d'alimentation, d'exercice physique, d'aisance émotionnelle...

Ce plan d'action, parfois co-construit, et le réseau de soutien autour de moi me fera avancer.

 

Ai-je identifié mes attitudes contre-productives?

Certaines de mes stratégies antérieures pourraient entraver mon évolution, telles que:

  • vouloir trop bien faire,
  • me décourager, me dévaloriser,
  • ne pas trouver le temps,
  • estimer que je ne peux pas changer d’habitude,
  • avoir peur de sortir de ma zone de confort.

 

Les artistes, qu'ils fassent des choses bien ou pas bien, ils font ce qu'ils peuvent.

Souchon

 

Quel lien entre douleur et vouloir écrire un livre ? Pour le thérapeute :

Avoir conscience des étapes nécessaires et des obstacles possibles à une évolution face à la douleur permet de guider au mieux les patients que nous croisons. A mon avis, cela consiste par exemple à co-établir avec eux le plan d’évolution et de traitement.

De façon intéressante, chaque nouvelle écriture de livre est pour nous, thérapeutes, aussi une façon de nous transformer.

Quel lien entre douleur et vouloir écrire un livre ? Pour le particulier :

Même si la douleur peut restreindre nos champs des possibles, se remettre pas à pas en action est valorisant. Cette analogie avec l'écriture d'un livre dédramatise l'ampleur de la tâche. Il nous reste à identifier nos blocages et obstacles, puis à solliciter des soutiens pour avancer sur ces points.

Et imaginons qu'on ait fixé un objectif trop ambitieux ? Restons bienveillant à notre égard 😉 Soyons artiste de notre vie !

 

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Une réponse à “La douleur, c’est comme vouloir écrire un livre”

  1. Certains points de cet article vous parlent ou vous touchent ?

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