Se libérer de pensées plombantes
Une histoire comme tant d’autres – Moi et ma douleur
Je m’appelle Joëlle, je suis une femme de 60 ans. Je vis avec la douleur depuis 24 ans. On m'a diagnostiqué il y a 20 ans une fibromyalgie.
Vous pouvez découvrir, dans un précédent témoignage, l'état d'esprit et le changement de vision de la douleur qui a eu lieu.
Déclic - C'est dans ma tête
C'est dans ma tête et c'est déprimant
A l’époque, conseillée par mon médecin, je suis allée écouter une conférence sur la fibromyalgie avec des médecins et des psychologues qui sont venus parler. Quand je suis sortie ce que j’ai retenu c’est que : c’était dans ma tête, que la seule solution c’était de prendre des anti-dépresseurs. Ce que j’ai compris de tout ce qu’ils ont dit : c’est qu’on est fou, que c’est psychologique, que c’est dans notre tête. J’ai ressenti qu’ils n’étaient là que pour nous enfoncer.
Parce que c’était transmis par des personnes qui ont une aura de crédibilité, ça m’a influencée. Et pendant des années, j’ai été persuadée que c’était dans ma tête !
Cela m’a amenée à accepter le traitement par anti-dépresseurs que l’on m’a proposé alors. A ce moment-là, je n’étais pas assez forte, pas comprise, pas entendue pour pouvoir réagir autrement.
Cette conférence m’a mise dans une situation de solitude. On me met dans une case figée, où l’on m’expose qu’on ne peut rien faire pour moi, qu’il n’y a que la solution des anti-dépresseurs, que personne ne peut m’aider, que je suis seule.
Ensuite, ça a été long, ça a duré des années où j’ai élevé seule ma fille. Je n’arrivais pas me sortir des épreuves de la vie, avec ces problèmes de douleur en plus.
J’ai toujours pensé que c’est parce que je n’étais pas assez forte pour me sortir de ces situations. L’avenir m’a permis de prouver aux gens que j’en suis capable, que je suis assez forte pour m’en sortir. Le temps me permet petit à petit d’accepter cette affirmation pour moi-même aussi, de déconstruire cette croyance qui m’a plombée.
C'est dans ma tête et ça me fait avancer
Aujourd’hui je reconnais que les douleurs chroniques sont énormément dans la tête (c’est-à-dire qu’il y a un lien fort entre le corps et l’esprit). Dès qu’on va mieux on a l’impression de moins souffrir, ils n’avaient pas totalement tort.
Et aujourd’hui avec le recul, je comprends que la douleur est liée à ce qui se passe dans ma tête au niveau cérébral.
Aujourd’hui où j’ai trouvé des soutiens, où je me sens entendue et comprise, j’arrive mieux à me gérer, à gérer la douleur. J’ai rencontré plein de personnes qui m’ont aidée et qui m’aident. Et je réalise qu’il existe aussi d’autres aspects à travailler, autres que seulement ce qui est dans ma tête.
Ça bouge encore beaucoup d’émotions pour moi d’en reparler.
Déclic - remettre la peur à sa place
Un mécanisme de protection trop envahissant
J’ai réalisé que mon corps me protégeait, que j’avais peur de tout.
Je me protégeais contre tout, alors que je n’en avais pas besoin. Car je me protégeais contre des choses qui ne nécessitait pas de protection. Mais par exemple imaginer un mouvement était trop compliqué. C’était trop compliqué de regarder un contorsionniste. Il y a quelques années encore, je ne pouvais pas le regarder. J’avais l’impression d’être à sa place et qu’on me tordait dans tous les sens, c’était épouvantable.
Aujourd’hui la peur a beaucoup moins de place, parce que j’essaie de ne pas lui laisser la place. J’essaie de positiver les choses au lieu d’être toujours dans le négatif.
Avant j’avais peur de tout, parce que je n’avais pas de réponses à mes questions. Je crois que ça me faisait peur.
Aujourd’hui en grande partie j’ai trouvé mes réponses.
La peur prenait beaucoup de place, même si je n’en avais pas totalement pris conscience. C’était parfois inconsciemment à ce moment-là.
Mais aujourd’hui elle prend beaucoup moins de place, grâce à des explications sur comment fonctionne mon corps, sur comment fonctionne la douleur, pour comprendre certains symptômes.
Ces explications et cette écoute font qu’il y a beaucoup moins de peur et donc par conséquent moins de douleurs, c’est certain !
Apprendre à s'exposer progressivement
En séance thérapeutique, c’est par l’intermédiaire d’exposition graduelle, en modifiant petit à petit les paramètres, que je me protège de moins en moins. Il a fallu commencer juste par des mouvements imaginés, ou à regarder des images de quelqu’un qui avait la tête tournée. Au début, c’était tellement difficile ! Pour moduler certains exercices vécus comme trop agressifs, trop angoissants, on a dû modifier des paramètres (comme la luminosité, la couleur de salle). Et petit à petit la peur se déclenchait moins facilement, jusqu'à ce que ça permette une diminution des intensités douloureuses, aussi parce que on pouvait me toucher, me soigner.
Aujourd'hui, je me protège moins, je peux plus facilement visualiser des mouvements, et en faire, regarder les autres dans des positions variées. J’ai encore du mal quand les gens s’approchent de moi par l’arrière. J’ai toujours cette appréhension d’avoir quelqu’un qui arrive derrière moi, mais les gens qui viennent face à moi, ça passe.
En cette fin d’échange, j’ai une question : à savoir si j’ai été d’une grande utilité. Je me demande souvent si je sers à quelque chose, si j’apporte quelque chose aux gens.
Témoignages Moi & ma douleur
Ce retour d'expérience fait partie des témoignages récoltés dans le projet "Moi et ma douleur", avec des objectifs de sensibilisation et d'inspiration.
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